Je déteste avoir besoin de toi!

Myung Dae était crevé, il n’avait pas envie de travailler aujourd’hui, il aurait tout donné pour être généreusement dispensé. Il sentait que quelque chose allait mal se passer aujourd’hui, il souhaitait plus que tout rester tranquillement chez lui et ne pas en bouger. Il se sentait étrangement nauséeux et rien ne s’arrangea lorsqu’il arriva au centre. Accueilli par ce bout de chou d’à peine huit ans dans son fauteuil, MyungDae eut un petit sourire pour cacher la détresse qu’il ressentait, accompagnant le jeune homme à la piscine, l’aidant à y bouger ses petites jambes frêles. Myung Dae n’avait jamais aussi mal qu’en s’occupant de lui. Il savait que ce petit garçon ne s’en rendait pas compte et s’efforçait de rire et de jouer avec comme si de rien n’était simplement parce que le rire de cet enfant et l’assurance que ce dernier se sentait bien avec lui suffisaient à Myung pour qu’il se sente apaisé. Il finit par devoir sortir de l’eau avec le jeune garçon, le reconduisant à sa chambre. « Myung Dae Yah ! » Myung se retourna pour voir son supérieur lui sourire doucement. Il l’écouta lui raconteur comme sa vie de bureau était dure et comme il croulait sur la paperasse. A vrai dire, Myung savait exactement où il voulait en venir. Il savait que ça voulait dire qu’un nouveau patient arrivait et qu’il voulait que Myung le prenne en charge. Il secoua la tête. « Je vois, je vais y aller alors hyung, il doit déjà être dans sa chambre non ? » Et sans même attendre de réponse, il prit le dossier du nouveau des mains de son boss et le parcourut vite fait en allant vers la chambre. Cependant, il se figea au milieu du couloir et les larmes envahirent ses yeux. La photo sur le dossier semblait si familière, le nom sur cette page austère sonnait une alarme dans sa tête et avant qu’il ne s’en soit même rendu compte, il courrait déjà vers cette porte, sentant son cœur battre si fort que ses tempes en pulsaient. Une fois devant la porte, sa main hésitait sur la poignée, priant pour que le dossier se soit planté. En ouvrant la porte pourtant, il se rendit compte que non, son nouveau patient était bel et bien la personne qui avait provoqué en lui ce coup de foudre impromptu. Et les mots hargneux du petit nouveau ne tombèrent jamais dans ses oreilles. MyungDae avança doucement, choqué, des larmes au fond des yeux, glissant une main hésitante sur ses jambes désormais immobiles, tremblant un peu alors qu’il passait par-dessus son genou, déglutissant pour faire partir le nœud dans sa gorge mais c’était trop pour aujourd’hui. Il sentit les larmes déborder au contraire, glissant sur ses joues silencieuses parce que Myung Dae ne trouvait pas les mots. Il regarda ensuite vers le jeune homme, se mordant la lèvre. « Je… Je suis Oh Myung Dae, je… Je serai ton  accompagnateur pendant ta… Ta rééducation. »

MyugDae avait horreur de l’avouer, mais cette fois ci, c’était le délinquant qui avait raison. Il le fixait, les yeux dans les yeux, pouvant y lire chaque parcelle de sa détermination, de sa fougue et s’en sentant d’autant plus fort soudain. Il savait que DongHwan ne serait pas tendre avec lui et qu’il devrait se retenir de fondre en larmes souvent mais celui qui était le plus à plaindre après tout, c’était toujours le jeune danseur. Il avait juste eu du mal à se dire que quelqu’un qui avait tant besoin de ses jambes puisse soudain être réduit à la paralysie. C’était comme priver un chanteur de sa voix. Il devait se ressaisir pourtant alors il prit un mouchoir de la boite de DongHwan, s’essuya les yeux, se moucha et après avoir jeté ledit mouchoir, se redressa et s’éclaircit la gorge. « C’est toi qui as raison DongHwan… Je te demande pardon, je serai professionnel désormais. » Il parcourut vite fait son dossier des yeux et acquiesça. « Bien, tu as encore de l’espoir après tout. On va commencer doucement par des séances où je ferai tout et tu devras te laisser faire, puis on ira un peu en piscine pour t’aider à supporter ton poids et on finira par la salle de rééducation. Si tu m’écoutes et que tu en veux, tu seras bientôt debout à nouveau. » Il ferma le dossier et le posa sur l’appui de fenêtre, glissant ensuite une chaise au pied du lit, s’y installant pour soulever le draps et glisser ses mains sur les pieds de son patient, faisant bouger les orteils, massant la plante et profitant simplement d’avoir ce petit moment plus ou moins privilégié avec son « crush ». S’il en profitait ? Un peu mais il aurait été idiot de s’en priver, lui n’avait sûrement que trop peu de chances de voir le regard de DongHwan se poser sur lui ne serait-ce même que pour le toiser. Il était si discret et invisible que c’était un miracle que les gens le remarquent. « A dire vrai, je me souviens de toi. Tu es venu ici il y a un moment déjà pour une sentence judiciaire si je me souviens bien… Je n’ai jamais vraiment su pourquoi ceci dit et j’avoue que ça m’intrigue. » Il lui sourit un peu, espérant tirer autre chose du jeune homme que son silence froid et dédaigneux si pas carrément hautain. Il savait qu’il était loin de sa perfection, qu’il ne s’habillait pas chez les meilleurs et qu’il aurait bien besoin d’aller chez le coiffeur mais ce look lui plaisait bien, un peu négligé et pourtant soigné. Cela mettait les patients les plus démunis à leur aise. Il rosit légèrement en imaginant ce que son coup de foudre pouvait cependant penser de lui. Il était vrai que le nouveau pensionnaire était toujours tiré comme un model et qu’on ne trouvait pas souvent à redire à ses allures de sale gosse complètement irrésistibles.

Avoir le privilège de pouvoir toucher Dong Hwan ainsi sans qu’il puisse le repousser ou l’insulter voire même l’accuser était une aubaine pour le jeune aide-soignant. Il sourit légèrement en glissant ses pouces contre la plante de ses pieds, les massant en douceur. N’allez pas croire que le jeune homme soit un pervers ni quoi que ce soit, à vrai dire, on trouvait bien peu de gens aussi purs que ne pouvait l’être Myung Dae. D’une douceur et d’une pureté à toute épreuve, ayant à peine expérimenté un vrai baiser entre amoureux… En vrai, un gros noob de l’amour comme on en voit rarement. Aussi, la seule raison pour laquelle toucher le plus jeune était une bénédiction était parce qu’il s’en sentait ainsi plus proche. Il n’était sûrement pas le type de fréquentations que pouvait avoir le danseur à la source, il devait même être à l’opposé. « Glorieux ? Je ne trouve pas vraiment non… Mais je suppose que tu avais tes raisons pour le faire, après tout, même si tu n’es pas un ange, je suis sûr que tu n’es pas complètement mauvais. » Il se concentra sur ses cheville tout en douceur et sa respiration se bloqua soudain à la question de Dong Hwan, le faisant furieusement rougir, toussant ensuite comme un vrai tuberculeux, relachant son articulation pour se tourner à l’opposer et regagner un minimum de contenance. Est-ce qu’en fait le mauvais garçon pouvait s’intéresser à lui d’une façon ou d’une autre ? Ca lui semblait complètement idiot et en même temps pourquoi cette question serait elle venue aussi naturellement si ça n’était pas le cas ? Un petit sentiment de fierté glissa sur l’égo de l’infirmier jusqu’à ce que le plus jeune se reprenne. Son sourire tomba un peu et il observa le visage du blond sans pour autant savoir le scanner, finissant par acquiescer. « Bien sûr que non haha. » Il se sentait tellement bête… « Enfin bien sûr que non tu ne t’intéresse pas à moi, on ne va pas du tout ensemble de toute façon, hein ? Et oui, j’ai quelqu’un. » QUOI ?! A l’intérieur de lui, Myung Dae se sentait outragé par ses propres paroles. Il venait de mentir pour la première fois de sa vie ! Lui, l’ange responsable et doux, l’honnête Myung Dae venait de laisser un vil mensonge sortir de ses lèvres. Ses mains étaient soudain plus dures sur la jambe du jeune patient, comme si il glissait sa frustration dans ses gestes désormais plus secs et un peu stressés même. Il cherchait quoi à mentir à ce garçon ? Se rendre intéressant ? Eh bien oui, complètement… Se rendre inaccessible l’aiderait peut être à rendre la vraie page blanche inintéressante qu’il était un peu plus attrayante non ? Comme un livre dans lequel on rajoute des péripéties pour tenir le lecteur en haleine. « Et toi ? Je suppose que tu laisses une jeune fille à pleurer en attendant ton retour, non ? Tu es pas le genre de patients qu’on a tous les jours. »