tenue (sans les baskets). +  Mr et Mme Bae sont des amis très proches de mes parents. Riches, comme eux, belle posture sociale, comme eux, les Bae ont pourtant un truc en plus, quelque chose que mes parents n'ont pas  : l'amour. Eux ont toujours su le recevoir et le rendre. Depuis que je suis précis, je les apprécie. C'est donc naturellement qu'ils m'invitent à dîner, histoire de passer un bon moment à quatre. Quatre, parce qu'ils ont une fille : Soo Mee. Même si ce soir, j'ai passé un dîner à trois : la jeune femme étant restée dans sa chambre. Mais comme disait sa mère « C'est Soo Me, ne cherchons pas. »... Et elle n'avait pas tord du tout. J'ai donc passer la soiré à papoter avec eux tour d'un bon verre et d'une bonne assiette. Tout avait été parfait, sauf que j'aurais bien aimé voir un peu le nez de Soo Mee  - qui est tout de même une amie d'enfance - mais les filles sont trop compliquées. Du moins, celle ci... ou pour moi. A voir....

Leur maison n'était pas si loin d'une des salle de cours que je fréquente, et puisque j'ai cours dès demain, ils m'ont proposé de passer cette soirée avec eux et de rester dormir, histoire de na pas avoir à faire l'aller retour la nuit. Il faut dire que cette date n'avait pas été facile à trouver - mes parents me prenant un peu le choux ces derniers temps, je n'étais pas trop disponible... Enfin, à part ce soir. J'ai sauté sur l'occasion, naturellement. Une fois le repas fini - autant dire que j'avais le ventre plus que plein - je montai mon sac dans la chambre d'ami, celle que j'avais toujours quand je venais ici. Je me préparai pour aller me coucher, ne fermai pas les volets et me glissai sous le draps, un livre de droit sous la main. J'avais pris l'habitude de lire avant de me coucher, une manière d'apprendre... ou de m'endormir plus vite, à voir. Malheureusement pour moi, impossible de m'endormir aujourd'hui. Certainement à cause du bruit de la pluie sur les vitres. Je décidai donc de passer à la vitesse supérieure. Je sortis de mon sac pour Ipod et enfilai mes écouteur en éteignant la lumière et me recouchant. Je m'étais fait une petite playlist de musiques, toutes plus agréables les une que les autre à écouter avent de s'endormir. Mais aujourd'hui, je restais sur Gold. J'adore cette chanson, je l'écoute souvent. Elle me transporte... peut-être jusque dans mes rêves ? Je le sentais : je commençais à m'endormir. Je serrais mon oreiller contre moi, toujours mes écouteurs dans les oreilles, chantonnais la petite chanson (enfin...je ne connais pas le rendu, mais je ne pense pas que chantonner soit le terme exact).Tout se passait très bien jusqu'à ce que je décide de changer de position et là : cri d'effroi :

« PUTAIN QU'EST-CE QUE TU FAIS LA ? »

Puisqu'il faisait un peu claire dans la pièce, et que je connaissais bien cette gamine : j'ai tout de suite reconnu Soo Mee. Je me redressai. Sur le coup, elle m'avait réveillée... Bien que je ne sois pas tout à fait endormis, mais ce n'est qu'un détail. Je m'assis en tailleur et lui demandai :

« Tu veux quoi ? »

Mais c'était une question bête, l’orage se fit entendre... Et je savais qu'elle en avait terriblement peur. Donc, après cette question bête : un moment de lucidité :

« C'est l'orage... Comment tu fais quand je suis pas là ? »

Lui demandai-je en tapotant mon lit, lui faisant signe de s'asseoir.

tenue (sans les baskets). + Avec mes écouteurs, la musique qui se répétait sans fin et le fait que je sois certainement à moitié endormie, je n'ai pas entendu Soo Mee arriver... Ni même l'orage, la raison pour laquelle elle avait décidé de franchir les couloirs et la porte de ma chambre pour me demander si elle pouvait rester à mes côtés le temps que la tempête passe. Et ce n'était pas ce qui allait me déranger. J'avais l'habitude maintenant. Depuis le temps que je la connaissais, le nombre de fois où nous avions dormis sous le même toit et où cette même situation s'est déjà produite. Cela allait être une occasion pour parler avec elle, prendre des nouvelles, parler de tout et de rien, bref des petites choses de l'habituelles qui tendaient à se perdre puisque nous ne nous voyons plus aussi souvent qu'avant. Surtout si madame décide de rester dans sa chambre quand je suis là. Je me demande pourquoi a-t-elle fait ça ? La connaissant je suis sûre qu'elle avait un raison, car c'est une chose qu'elle n'avait jamais faite auparavant. Soo Mee a beau être une lady, une petite capricieuse aussi, elle est loin d'agir sans raison. J'avoue avoir parfois un peu de mal à la suivre, mais j'aimerai bien la comprendre... La comprendre plus.

Elle s'était excusé de m'avoir réveillé. C'est vrai que ce n'était pas ma nuit. Mais ça arrive souvent ces choses là : parfois on s'endort d'un seul coup, avec la lumière allumée, et d'autres on peut passer la nuit à attendre le sommeil qui ne vient pas. Et je sentais bien que ce soir le deuxième cas se présenterait. Ce n'était pas un soir pour dormir, ou plutôt une nuit pour dormir... Je l'avais su dès le moment où j'avais posé mon bouquin de droit à côté de mon lit : ma technique habituelle n'avait pas marché. J'avais eu envie de lui répondre que de toutes manières je n'arrivais pas à dormir, que j'avais sursauté juste parce qu'elle m'avait surprise alors que je m'évadais dans mon monde de rêveries, mais un deuxième coup de tonnerre se fit entendre et elle me prit de court. Répondant tout simplement à une question que je lui avais posé. Sa réponse me fit sourire, simplement avec peut-être même un côté triste. Un genre de sourire nostalgique. Je l'imaginais pleurer dans ses draps alors que l'orage tonnait. C'est vrai que plusieurs cas s'étaient déjà présentés où nous étions tous les deux quand la tempête battait de plein fouet. Je n'avais jamais réellement pensé à ce qu'il se passait quand elle était seule jusqu'à maintenant. J'étais content que quelqu'un me dise qu'il se sentait en sécurité avec moi. C'était rare que j'entende ça. Mais ça me touchait.

Un autre coup de tonnerre de fit ressentir avant que je n'eus le temps de dire quoique se soit. Ce qui donna l'occasion à Soo Mee de s'accrocher à ma taille par l'intermédiaire d'un câlin. Je fus d'abord surprit, mais déposa vite mes bras autour de son corps tremblant : comment pouvait-on faire autrement dans un moment pareil ? Je lui caressais le dos doucement avec mes doigts histoire de l’apaiser. Elle avait peur.

« C’est rien, ça va passer. »

Dans des moments comme celui-ci, je la trouve touchante, mignonne voir même adorable. Une fois que la grosse peur fut passée, elle se détacha de moi pour s'installer dans les draps, comme à son habitude. Elle m'attira vers elle afin que je lui fasse un câlin, histoire de la réchauffer.

« Bon alors, parlons un petit peu, histoire d'oublier cet orage. Comment est-ce que ça se fait que ta petite personne ne fut pas à table ce soir ? »

tenue (sans les baskets). + On en peut pas dire que j’avais l’habitude de me retrouver dans des situations pareilles, au contraire même j’étais plutôt du genre difficile à approcher de trop près en temps normal. Mais Soo Me changeait tous ces aspects-là de ma petite personne. Je me surprenais à devenir un nounours ou, comme elle l’avait dit, un chauffage humain. On agit tous différemment selon les personnes que l’on fréquente à un moment donné. On a tout notre code selon nos groupes. Je ne peux me permettre d’agir comme cela que dans de très rares occasions. Surement trop rare d’ailleurs. Je ne fais pas souvent de câlin aux personnes que j’aime alors que c’est tout à fait normal, non ? Petit j’ai rapidement compris que ma mère était loin d’être câline, surtout avec moi. Elle préférait me laisser à la maison avec mes domestiques plutôt que de passer du temps avec moi. Elle avait toujours mieux à faire que d’être avec moi. Et mon père aussi, mais lui avait une raison valable que la chère madame n’avait pas : il travaillait. Souvent. Pour ne pas dire tout le temps. Il entretenait sa femme une relation un peu spéciale. Il nous a toujours acheté. Toujours. On doit être à son service maintenant car monsieur nous a toujours aidés et qu’on doit lui en être reconnaissant. Ah ! La reconnaissance… C’est bien la seule chose qui me retient à lui. Mais elle n’était pas mieux. Dès qu’il fallait être une mère exemplaire, qu’il fallait se montrer en lieu publique pour faire des bonnes actions on amenait Chang Yeol. Lui, parce qu’il « est mon seul et unique enfant, mon petit chéri, la chose qui compte le plus à mes yeux ». Mon œil. On n’a pas d’amour dans cette famille… Ou du moins pas beaucoup.

Parfois, je regarde les autres avec envie. Soo Mee fait évidemment parti de ces autres. Elle a des parents, qui l’aiment assez je pense pour que sa vie, chez elle, ne soit pas un enfer. Ils la connaissent, lui laissent faire ce qu’elle veut. Alors que moi, j’suis qu’un con qui écoute son père, qui fait du droit parce que papa l’a dit, mais qui rêverait d’autre chose. On a mille et une façon de faire sa vie, on fait toujours des choix – plus ou moins faciles – et quand je regarde ma vie, pour le moment : je suis déçu. Je fais de belles études, j’ai une belle baraque, des parents riches mais très peu d’amour de leur part… Ou même de soutient. Heureusement que mes amis sont toujours là pour moi, heureusement. Je les considère comme ma famille. Pour ne pas dire ma vraie famille. Je les connaissais bien, j’avais appris à les connaitre avec le temps. Leurs défauts, leurs qualités. Des fois c’est chiant de vivre avec mais au final, ces moment gênant ne sont rien comparer à tout ce que l’on vit d’extraordinaire. Soo Mee fait partie de ces personnes qui me sont chères. Elle me connait un peu, j’en connais bien d’elle. Je sais ce qu’il se passe dans sa tête à certain moment, je sais qu’elle peut être chiante, mais au fond, j’l’aime bien. Je savais donc qu’il y avait des raisons pour qu’elle ne soit pas venue à table se soir. Autre que le fait qu’elle n’avait pas faim, bien que je conviens qu’il s’agissait d’une bonne raison. Elle était franche, elle avait répondu à ma question en commençant par la vraie raison.

C’est vrai que la dernière fois qu’on s’était vu, ça avait été un peu étrange. Elle était… différente. Peut-être était-ce le fait qu’elle était avec ses amies… Le final était le même dans tous les cas : je ne m’étais pas sentit bien à l’aise. Et je lui en avais voulu un peu… Je ne répondis rien, spontanément. Je laissais le silence s’installer. Bien qu’elle le brisa rapidement en rajoutant une couche d’explications.

« Je ne te cache pas que ça m’a fait bizarre. Surtout quand on voit qu’on peut se câliner dans un lit comme maintenant… Mais je n’ai pas cherché à comprendre, cette dernière fois. »

Je laissai le silence s’installer entre mes paroles. Il fallait que je dise bien les choses. J’avais envie que mes paroles aient leur effet sans pour autant passer pour un tsunami et la ravager. Je n’ai aucune envie de lui faire du mal, mais la faire réfléchir, avancer. C’est à cela que servent les amis.

« Après, tu n’es pas obligée de t’auto-flageller. Tu as agis comme ça, assume… Tu es comme ça un point c’est tout, donc ne t’inquiète pas. On en a tous des défauts, moi le premier. Mais faut vivre avec. Après si tu regrettes trop, change juste ta manière d’agir… Mais t’es toute pardonnée ma petite Soo Mee. J’eux juste plus te rendre dans des états pareils. »

Je la regardais dans les yeux depuis le début, depuis qu’elle avait installé cette proximité entre nous. Je ne m’en étais pas vraiment aperçu. Je lui fis un sourire. J’lui en voulais, mais pas plus que ça. C’était Soo Mee, elle était comme ça. Je posai mes mains sur son petit visage, installai mes doigts aux extrémités de sa bouche et les remontai :

« Allez, souris ! Tu sais que je préfère quand t’es comme ça. Une file qui a un beau sourire telle que toi, il ne faut pas que tu gâches ça en moue ! »
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tenue (sans les baskets). + « Alors je changerai, juste pour toi… », C’était sa réponse. Mot pour mot. Elle me fit sourire. Je doute qu’elle ait pu voir mon sourire se dessiner sur mes lèvres puisqu’elle fixait le lit – et heureusement d’ailleurs, car après mûre réflexion, je trouvais ça limite insultant.  J’avais presque l’impression de ressembler à mon père, de prendre tout le monde de haut… Et je déteste ça plus que tout au monde. J’avais envie de lui répondre qu’il ne fallait pas changer pour les autres. Les autres ne seront pas ceux qui vivront les émotions, les bouleversements, les changements, les difficultés ou même les joies pour toi. Tout ce que tu fais, surtout dans ce domaine, doit être fait pour toi et personne d’autre. Mais si cela pouvait lui donner un objectif, je ne la contredirais pas. Je m’empressai de redessiner un sourire sur ses jolies petites lèvres à l’aide de mes deux pouces. Le sourire lui va si bien qu’il serait idiot de ne pas en fais un ! C’est d’ailleurs ce que je m’empressai de lui dire : souris, car tu es magnifique quand tu le fais.

La vengeance se fit vite sentir, je me retrouvai à moitié écrasé par cette petite Soo Mee qui cherchait à me faire subir le même sort du sourire forcé. Enfin… ce n’était pas un sourire forcé puisque je me marrais déjà comme une baleine. Quelle expression ridicule au passage. Mais passons. J’étais content de la faire sourire, c’est surtout ça qui me faisait rigoler, parce que doigts ou pas je serais toujours avec mon sourire habituel. Face à un si beau compliment de sa part, je ne pus m’empêcher d’en rajouter un petit coup, qui sait, peut-être que j’arriverais à la faire sourire ou même rigoler encore longtemps pour qu’elle oublie cet orage ?

« Arrête de me dire ça : je vais finir par le croire vraiment et tu te retrouveras avec un Chang Yeol narcissique ! »

Malheureusement, l’orage qui se fit entendre par la suite ne la laissa pas indifférente : comme pour les précédents coups de tonnerre, elle poussa un cri et se replia dans mes bras. On dirait vraiment une enfant. Je me demande ce qu’elle trouve de si terrifiant à l’orage, au point d’agir comme cela. La peur ne s’explique pas c’est vrai. Personnellement, ce temps me fascine. Comment la nature peut-elle être capable de faire de telles choses ?  Je resserrai mes bras autour d’elle… Enfin se fut plus une tentative qu’autre chose puisqu’elle les installa aussi rapidement sur ses oreilles pour ne plus entendre le bruit de l’orage. Et d’un seul coup, elle se mit à pleurer. J’avoue que je fus très surpris. Je ne savais pas trop quoi faire. Ce n’était pas souvent que je me retrouvais avec des gens en pleur dans les bras. Elle me demandait de ne pas la regarder. Je détournai alors mon regard pour tomber sur mon IPod. Et là me vient une idée.

« Attends-moi là je fais au plus vite, okay ? »

Je me détachai d’elle et courrai vers mon sac à dos pour un sortir une multiprise pour écouteur et un casque audio, deux choses qui ne me quittent jamais. Il faut savoir que le Chang Yeol est une espèce qui ne peut vivre sans musique. Je reviens ensuite vers elle, lui mit le casque sur la tête et fit mes branchements. En attendant que je ne mette la musique en route, je lui parlais, profitant du fait qu’elle puisse m’entendre pour lui expliquer clairement ce que j’allais faire.

« Je te propose quelque chose : on va se mettre un peu de musique. Avec le casque tu n’entendras plus l’orage, et au pire, même si tu as peur, tu seras avec moi, donc tu n’auras rien à craindre. Mais au moins, tu ne te mettras pas dans ces états-là, enfin… j’espère. Et puis, ça nous permettra de nous coucher. Personnellement, je commence un peu à fatiguer et j’ai cours tôt demain… Tu sais ce que papa me dirait si je ne vais pas en cours. Il a des espions même à la fac… »

Je cherchais une jolie petite musique à lui mettre dans les oreilles tout en l’invitant à s’allonger sous les bras, contre moi. Bien-sûr, si cette idée ne lui convenait pas, qu’elle préférait faire autrement, je comprendrais :

« Si tu veux continuer à parler mais avoir de la musique quand même, on peut prendre que ma paire d’écouteur, aussi. Comme ça on papote en même temps. »

Je marquai des poses volontaires, je ne savais pas si ça allait lui plaire. Je vivais beaucoup dans la musique et donc dans les mondes que j’avais créé avec elle. Mais cela ne plaisait pas à tout le monde, je le comprenais parfaitement.

« J’résous pas mal de problèmes avec la musique. Peut-être que ça marchera aussi avec toi. On aurait un point commun de plus. »

tenue (sans les baskets). + On disait souvent que je m’enfermais dans la musique. On me l’a beaucoup reproché, surtout à l’adolescence. Je me souviens très bien de la tête de certains amis, des remarques qu’ils me faisaient lorsqu’ils estimaient que j’écoutais trop souvent de la musique. Les gens posent parfois un regard très perturbant sur nos petites personnes, ce qui nous amène évidement à réfléchir sur nos faits, gestes et manières de penser. Les autres nous sont indispensables. Ce qui ne les empêche parfois pas d’être mauvais pour nous. Au Collège, je n’avais pas vraiment de bons amis, une bande de petits cons riches qui pensaient que je faisais partis des leurs : petit merdeux intello, futur grand emmerdeur à pouvoir. Mais j’étais bien loin de cette philosophie. Mais ils étaient drôles, et faisaient tout pour être vus, entendus. C’était assez attirant, une manière pour moi de quitter l’image de l’enfance avec ce petit garçon à lunettes hyper sérieux. Avec du recul j’arrive à avoir un regard un peu plus objectif, mais à l’époque, cette condition me convenait absolument. Je la trouvais sympa, cela ma changeait du quotidien à la maison. Parce que ça n’allait pas vraiment à la maison. C’est la raison pour laquelle je restais parfois des heures enfermé dans la musique, j’attendais que ça passe, j’essayais d’appréhender ma soirée, ma vie parfois. J’avais peur, peur de faire les mauvais choix et de ne plus avoir de famille du tout. Quand je regarde le problème en face, je vois bien que c’est mon côté dépendant qui me retient à mes parents. Si j’étais aussi jeune con que je le fais savoir, cela ferait belles lurettes que j’aurais dit merde à mon père. Sauf que voilà, je ne veux pas être seul, pas sans famille. La famille est trop importante pour moi pour que je la mette de côté.

J’espérais donc que Soo Mee retrouve le sourire grâce à ce qui fait tenir le mien : la musique. J’avais une bonne bibliothèque musicale, étant donné que je dépensais tout mon argent dedans tant j’étais un fan. Tous les styles y passaient. Du coréen au classique en passant par les fameux groupes britanniques et les excentricités produites par les Etats Unis. Elle choisit les écouteurs, elle tendait la main pour que je lui en passe un, ce que je fis évidement, sourire aux lèvres. Elle s’empressa de les mettre dans nos oreilles respectives. J’avais remis Gold, d’Owl City, en attendant qu’elle choisisse une chanson. Lorsque j’allais lui passer l’iPod pour qu’elle mette ce qu’elle souhaitait – car j’accepte le fait que les autres n’écoutent pas les mêmes choses que moi. Mais elle me prit de cours. J’avais une fois de plus le droit au discours de l’aide. Je ne reproche rien aux gens qui ont envie de m’aider… Dans cette histoire c’est moi le problème : je n’arrive pas à franchir cette étape : accepter de l’aide. Depuis tout petit, je suis et je resterais solitaire. J’ai toujours trop peur de faire tomber les autres avec moi, de m’en vouloir, que jamais je n’accepterais. Bien que la proposition me tente et qu’elle me fait chaud au cœur… C’est impossible pour moi. Elle passa mon bras droit derrière son cou. J’étais content qu’elle se détende un peu. J’avais l’impression qu’elle ne faisait plus attention à l’orage.

« Merci, Soo Mee. C’est très gentil de ta part. »

Lui dis-je avec un beau sourire avant de la serrer un peu plus fort dans mes bas. De cette manière je voulais lui montrer que je tenais à elle, que cette proposition me faisait très plaisir mais que je ne pouvais pas encore l’accepter. Je rigolai légèrement à son « Même si tu me détestes ».

« Si tu savais, il va falloir en faire beaucoup pour que je te déteste. Je n’arrive même pas à t’en vouloir quand tu me traites comme un moins que rien… Donc il va en falloir beaucoup ! »

Je caressais sa main, comme elle le faisait, puis réalisa que la même musique tournait depuis tout à l’heure, j’avais peur qu’elle s’en lasse.

« Au fait, si tu veux changer de musique, je t’en prie, fais-le. »

Je lui tendis l’iPod. C’était toujours comme ça. Entre moi et mes sentiments, il y avait la musique. C’était normal qu’entre moi et les personnes que j’aimais elle y soit aussi.