Yah.. Tu connais ce gosse misérable que l'on laisse toujours en arrière, qui doit faire sa vie sans le soutient d'amis fiable, qui doit se montrer fort devant les autres alors que sa seule envie serait de se blottir contre sa génitrice en pleurant à chaudes larmes ? Tu connais cet enfant qu'on traite de montre, de voleur et de démon juste parce qu'il est différent, juste parce qu'il n'est pas comme nous ? Même si cela appartient au passé, je l'ai connu, je l'ai été. Aigoo.. Je suis né un onze novembre dans la ville de Busan, en Corée. Ma mère, militaire depuis sa majorité ce qui n'est pas commun pour une femme, est décédée très tôt lors du crash d'un de ses avions, me laissant mon père uniquement, artiste. J'ai appris à ses côtés à vivre au jour le jour, comme si chacun était le dernier, comme si tout pouvait prendre fin d'un moment à l'autre. J'ai appris de lui que gratter les cordes d'une guitare peut provoquer un état divin, semblable à l'orgasme, qu'un public peut faire planer plus haut que n'importe quelle drogue, que la musique apporte autant de réconfort qu'une âme-soeur. J'y ai appris de lui la patience et la sincérité, l'honnêteté et l'entêtement.

La peur de ce que l'on ne comprend pas induit au rejet de l'autre, surtout chez l'enfant. Lorsqu'on parle de Rock Spirit à tout bout de champ, qu'on écrit les accords que l'on a appris la veille sur sa feuille de cours et qu'on préfère s'entraîner avec une guitare imaginaire plutôt que jouer avec les autres jeunes, on est vite pris pour un atypique, un fou, un demeuré. L'étais-je ? Ne j'étais-je pas ? Qu'importe, je tenais ça de mon père, et je sais que ma mère aimait le son de la guitare plus que n'importe qui. Cependant, quand bien même ce passe-temps s'est transformé en passion, mes mauvais résultats ne m'ont pas permis d'intégrer l'école d'art que je convoitais alors, si bien que je dus faire mes années d'adolescent dans une école des plus banales, où la popularité est finalement devenue un enjeu plus important que la musique et où je me suis laissé entraîner dans quelques folies, coups bas et soirées dangereuses. Je reconnais d'ailleurs avoir fait plus de bêtises que je ne l'aurais dû -une nuit en garde à vue, le vol de scooters, .. ça fait tâche non ?-. J'ai aussi découvert un nouveau moyen de toucher et séduire les gens : le son de ma guitare n'était plus alors simplement une passion retrouvée, c'était la voix qui sortait de mon coeur pour dire ce que je n'osais avouer. Le moyen d'expression le plus sûr.

Suite au décès de mon grand-père qui « se faisait des cheveux blancs et se rendait malade à me voir ainsi rater ma vie» -nous n'étions pas vraiment proche pourtant- je me suis pris le savon du siècle par mon père. Le genre de réprimande dont tu te souviens toute ta vie, tu vois le genre ? Du fait j'ai commencé à bosser plus sérieusement et penser à l'avenir, ce qui n'est pas plus mal. Bon garçon tout de même j'ai su me reprendre en main pour persévérer. J'ai finis par intégrer une école de webdesign dans le coin afin de prendre un peu d'indépendance - et je l'avoue glander surtout. Quoi, c'est une bonne excuse pour passer ses cours sur internet nan ?- et j'en suis plus ou moins satisfait, quoique je reste convaincu que c'est aussi chiant que n'importe où. Vivement le diplôme -en plus j'ai redoublé, la poisse.- que je puisse m'acheter une nouvelle guitare, et cesser de vivre aux crochets de l'internat et de mon père qui ne cesse heureusement pas de m'envoyer de l'argent tous les mois.

give it up give it up L'abandon face à la difficulté, est-ce quelque chose d'obligatoire ? L'entêtement n'est-il pas meilleur, laisser fleurir la peur et le désespoir jusqu'à la fin pour apprécier le dénouement, qu'il soit joyeux ou non, n'est-ce pas ce qu'une personne devrait faire, assumer ses actes, voir les choses en face ? L'abandon est un choix, est-il le bon ? La question sonne encore, encore, résonne.  Can you see the light ? J'essaye de croire en moi, d'avoir confiance. Ais-je l'air assez beau, assez bien pour te plaire ? J'ai tendance à me la jouer cool pour égayer ce côté sombre en moi, pour colorer ma honte terne et ma douleur sépia, je me cache derrière mes grands airs et ma confiance feinte pour masquer ma gêne et ma maladresse. Mais ne vois tu pas qui je suis ? give it up give it up Renonce à me découvrir, je ne me dévoilerais pas. Renonce, renonce, je ne suis pas celui que tu crois, je joue double jeu, je joue au bluff, je ne suis pas celui que tu penses connaître. N'auras-tu pas peur de m'ôter ces lunettes noires qui nous obstruent tout deux la vue ? There ain't no one here Même si nous sommes seuls en ce monde je n'oserais raccourcir la distance. Ces quelques pas qui nous séparent l'un de l'autre sont difficiles à vivre, je n'ose t'aborder, toi qui a l'air si enjouée, toi qui est si colorée. Moi, que ta lumière pourrait éblouir, ne suis rien à côté de toi, de toi. Et pourtant je me surprends à rêver d'un monde où il n'y aurait que nous. Give it up give it up Je m'égare, je doute, j'ai peur car je suis seul. Être loin de la lumière, loin de ses proches meurtri le coeur, une pierre précieuse se doit d'être protégé, caché. Mon coeur est comme un diamant brute, il brille de mille feu mais n'appartient pas à ton monde. Abandonne, renonce à briser mon image. Abandonne l'idée de me découvrir, renonce, tu pourrais brûler tes ailes d'ange. It's our only way C'est pour moi la seule façon de me protéger du chagrin que me causerait la rupture, la séparation. It's the only way. Le seul chemin pour rester celui que je pense être, pour rester cool et chaleureux. Can you see the light in me ? Lorsque je ris, lorsque je suis entouré, la douleur semble s'atténuer. Lorsque tu es à mes côtés, le soleil brille plus fort et me berce dans sa douce lumière. Je recherche cette douceur, ce bonheur, et je fuis quand la peur de m'éprendre de quelqu'un me tord les tripes. je suis la Lune, toujours en orbite, proche de la Terre, mais toujours seule et sombre. Can you see this light ? Give it up give it up Je te fais de la peine derrière mes airs assurés et mon arrogance naturelle ? Quelles sont ses larmes qui coulent sur tes joues d'ivoire ? Pourquoi ne te laisses-tu pas duper par ma comédie, ma bonne humeur contagieuse, celle que j'ai appris à feindre ? Si tu pleures pour le satellite condamné que je suis, renonce, renonce. Don't be scared my love Il semblerait que je me sois épris de toi, tu hantes mes pensées. Pourquoi ton image s'affiche-t-elle lorsque je ferme les yeux ? S'il faut attendre de janvier à décembre pour te revoir alors soit, tu as appris à me découvrir, tu as retrouvé l'homme rêveur et romantique que je suis. Je ne suis plus seul, j'ai confiance en toi, accepte de porter le poids qui m'accable à mes côtés, jouons notre propre comédie. Give it up give it up Renonce, abandonne l'idée de me quitter, renonce à me faire pleurer. Ces joues d'ivoires mouillées sont désormais miennes. Pourquoi pleure-je ? Une nouvelle page du livre s'est achevée, une nouvelle commencera bientôt, alors jusqu'ici, reste à mes côtés. There'll be song for you Je te donne tout ce que j'ai, ce que j'ai de plus précieux. Je t'écris ces lignes pour que tu te souviennes de moi, pour que les saisons passent mais jamais notre lien ne s'efface, je chanterais notre amour passé, je chanterais ta beauté et ta couleur, nous étions si différents mais si semblables.. Pourquoi nos coeurs nous ont-ils séparés ? Give it up give it up Renonce à l'idée de me parler, je suis un être fragile, renonce à l'idée de me réconforter, ces larmes ne sont rien d'autre que de l'eau en bille, abandonne-moi, pars, c'est la seule chose que je puisse faire pour toi. Je ne suis pas idiot, je sais que le destin est écrit ainsi. Je retrouverais mon sourire avec le temps, la douleur s'apaisera jour après jour. Abandonne-moi et retourne briller dans ton ciel si vif. Let the flowers rejoice Le monde est ainsi fait, les cycles entraînent la mort avec eux pour laisser la vie recommencer. Les fleurs s'ouvriront de nouveau, mon coeur se teintera à nouveau de jaune, de rouge et d'orange. Tu as connu ce garçon arrogant et familier que j'étais, un être cherchant à s'épanouir par sa présence au printemps. Tu as connu cet être jovial, joyeux et entêté, n'abandonnant jamais, ce garçon au désir flamboyant d'être reconnu, brûlant de passion pour son entourage mais ne s'engageant jamais par peur de se bruler les doigts sous le feu estival. Tu as connu cet être morose qu'un chagrin d'amour a détruit, qui se laisse aller, qui s'effrite tel du sable, cet arbre dont tombent les feuilles automnales, celui qui se livre sans scrupule et qui s'abandonne avec simplicité, celui qui se met à nu. Tu as connu ma sécheresse hivernale, ma froideur et ma rigueur, ma rudesse, celle du garçon qu'on a trompé, de l'amour désillusionné, celui qui revêt ses sourires, qui chérit ses amis mais qui a peur des relations. Tu m'as connu en quatre saisons, et bientôt les fleurs de nouveau s'épanouiront. Can you see the light in me ?