« Mytho mais pas trop » : une phrase qui pourrait facilement être assignée à Fatih. Si tu cherches un type qui te raconte des crack sans trop le vouloir ou sans trop le capter, t’es bien tombé ! Son but ? Aucune idée, mais en tout cas, pas te faire tourner en bourrique et te mentir de son plein gré. Tu pourras le prendre pour un schizo à ses heures perdues, surtout quand tu lui diras d’une main de fer qu’il t’a menti sur tel ou tel point et qu’il te répondra par l’une des deux alternatives suivantes : soit il te dit qu’il a jamais dit ça et que t’as rêvé (c’est ce qu’il pensera au plus profond de lui-même parce qu’il aura tout bonnement zappé sa connerie), soit il te dit que c’est vrai (et dans ce cas-là, il croira lui-même à ses mytho et se fait passer pour un gros con).

Une fois qu’on a cerné ce point-ci de sa personnalité (plutôt compliqué à faire, mais soit), vient la question de sa gueule qui ne revient pas à grand monde. Si tu lui dis qu’il est plus moche qu’un poux, il mettra ça sur le compte des babouches que lui balance sa mère à longueur de journée. Et oui, on y croirait pas comme ça (et on prendrait ça pour des mensonges encore une fois), mais sa mère, Habiba Oh - El Amri, une algérienne immigrée aux Etats-Unis quelques années avant la naissance de ce vieux poux, est une femme de force : Fatih dit sans gêne que cette dernière (à qui il voue un véritable culte) est la Chuck Norris féminine, une Chuckinette, la Chuck aux boobs d’acier… Un peu chelou, ok, mais c’est pas des conneries : si elle te frappe, t’en perds ta tête !

Bon, on se cachera pas que le fait qu’il soit moche, il le tient totalement de son père : matez un peu le nord-coréen puant sans un sou dans les poches qui se fait mater de haut par le peuple tellement sa gueule est horrible… Et là, la question ne se pose plus : MERCI PAPA. (…) Attends, t’as noté la subtilité de la phrase ? « Nord-coréen » ET OUI. Papa Oh a foutu le camp de sa terre natale pour débarquer à Détroit, aux Etats-Unis, une dizaine d’années avant la venue de Môssieu Fatih… sûrement parce qu’il savait où il allait finir sa vie pour avoir trahi sa patrie… Pauvre chou ! (…) A l’époque, quand il a rencontré Habiba, Chul Moo (oui oui, papa Oh s’appelle comme ça) vendait des calcif’ Made in China pour avoir un peu de fric histoire de grailler au moins un paquet de chips le soir… Beau travail, pas vrai ? N’empêche qu’en gueulant sur le marché pour vendre sa mauvaise qualité, il a réussi à faire fondre le cœur de pierre de maman Habiba : la grande classe s’il vous plaît !

Aujourd’hui, ça fait 9 ans que Fatih, sa mère et son père (de 20 ans de plus que cette dernière) ont mis les pieds en Corée du Sud, dans un petit village « paumé » (c’est comme ça que Fatih voit Daesan en tout cas) au milieu de nulle part. Il avait certes quelques notions de coréens, mais rien à en éclater le cul d’un aveugle (à part si on parle de son accent de merde et sa mauvaise articulation) en débarquant là. Heureusement que les années ont servies, parce que sinon, il aurait sans doute pas pu avoir sa formation en tant que plombier et encore moins bosser comme homme de ménage à côté histoire de ramener du pognon pour faire bouffer ses parents (et oui, dans la miff, ils sont tous maigres ohlolo… ça se comprend hein)…